La société civile réagit à l’annonce du nouvel objectif climatique du Canada

Territoires algonquins anishinaabe non cédés (OTTAWA), 22 avril 2021 – Ce matin, lors de la séance plénière d’ouverture du Sommet des dirigeants sur le climat du président Biden, le premier ministre Trudeau a annoncé le nouvel objectif climatique de 40 à 45 % du Canada. Cet objectif marque une augmentation de l’ambition par rapport à la fenêtre cible précédemment déclarée de 31 à 40 %, comme annoncé dans le plan pour Un environnement sain et une économie saine de décembre 2020.

Cette annonce confirme le niveau d’engagement prévu du Canada, qui a fait l’objet d’un examen rapide plus tôt cette semaine, lorsqu’un chiffre (36 %), publié dans le cadre du budget fédéral, a été largement confondu avec un nouvel objectif de réduction des gaz à effet de serre.

L’annonce de l’objectif du Canada ce matin a été faite en même temps que celle de plusieurs autres nations présentes au Sommet des dirigeants sur le climat, et fait suite aux objectifs ambitieux annoncés il y a quelques jours à peine par d’autres pays signataires de Paris, dont le Royaume-Uni, qui a présenté un nouvel objectif de 78 % d’ici 2035 et l’engagement de l’administration Biden à réduire de moitié les émissions d’ici la fin de la décennie.

CITATION DE L’AQME

«Les changements climatiques sont une urgence de santé. Comme professionnels de la santé, nous savons que les décisions politiques peuvent sauver des vies. Maintenant, il faut redoubler d’ambition. Pour cela, il faut bonifier le projet de loi sur la responsabilité climatique en instaurant une reddition de comptes dès 2025. Il faut arrêter de subventionner aussi généreusement le secteur des énergies fossiles et plutôt soutenir les travailleurs dans une transition juste vers une économie plus propre.» – Dre Claudel Pétrin-Desrosiers, présidente de l’Association québécoise des médecins pour l’environnement (AQME)

CITATIONS DE REPRÉSENTANT.E.S CANADIEN.NE.S DE LA SOCIÉTÉ CIVILE

«C’est bien de voir le Canada augmenter son ambition, et ce n’est pas suffisant. La nouvelle cible n’est pas alignée sur le 1,5°C – qui nécessiterait un objectif de réduction de 60%. Nous espérons voir le Canada continuer à accroître son ambition, à la fois dans les années à venir et à mesure que les consultations sur sa contribution déterminée au niveau national (CDN) auront lieu dans les prochains mois, sur la voie vers Glasgow. Le Canada doit non seulement améliorer ses objectifs climatiques, mais également adopter des lois rigoureuses pour atteindre ces objectifs. La Loi canadienne sur la responsabilité en matière de carboneutralité, actuellement bloquée à la Chambre des Communes, doit être renforcée car elle contient davantage une obligation à faire rapport sur ses cibles qu’une obligations à les atteindre. Comme l’a souligné le premier ministre Trudeau, le Canada est un pays exportateur d’énergie; c’est l’un des principaux obstacles du pays à l’ambition climatique. La nouvelle CDN du Canada devrait s’attaquer aux émissions provenant de la production de pétrole et de gaz, interdire les subventions aux énergies fossiles et enchâsser une loi sur la transition juste.» – Catherine Abreu, directrice exécutive, Climate Action Network Canada 

«L’ambition est certes rehaussée, mais n’est pas à la hauteur de l’urgence climatique. Pour faire la différence et se positionner comme leader, le Canada doit se doter de cibles d’au moins 60% d’ici 2030 en plus d’aider d’autres pays à se décarboner. Plus nous attendons avant de mettre en place les politiques et règlements qui nous amènent à la carboneutralité d’ici 2050, plus la pente vers l’objectif sera abrupte», affirme Émile Boisseau-Bouvier, analyste des politiques climatiques chez Équiterre.

«Le Canada pourrait être un champion climatique, mais les champions climatiques ne s’impliquent pas des fausses promesses ou demi-mesures. Les champions climatiques ne construisent pas des oléoducs à travers de la terre volée et n’approuvent pas de filiaux combustibles fossiles de la même main qui a légiféré des objectifs de neutralité en carbone pour 2050. Le Canada est le seul pays du G7 auquel leurs émissions ont augmenté depuis l’Accord de Paris. Ceci n’est pas seulement une crise d’émissions, c’est une crise d’égalité. L’inaction sur le climat de la part du Canada constitue une trahison aux personnes et endroits les plus affectés par la crise climatique. Rien de moins qu’un engagement de réduire nos émissions par 60% par 2030 est une insulte à ceux qui continuent à souffrir à cause de notre inaction. C’est temps que le Canada devient sérieux sur le climat, de dissoudre l’industrie pétrolière et gazière en supportant les travailleurs à travers une transition au lieu de continuer à retarder l’inévitable.» – Alyssa Scanga, jeune organisatrice, Grève pour le Climat Canada

«La cible proposée par Trudeau est moins ambitieuse que ce qu’exige la science du climat, sans aucun engagement à éliminer les combustibles fossiles au pays et à l’étranger. Le Canada est un pays riche, mais sa cible est inférieure à ce que doit être sa juste part de l’effort mondial et est moindre que la cible des États-Unis. Il devrait adopter une cible de réduction des émissions d’au moins 60% d’ici 2030 par rapport à 2005 en plus de planifier une sortie des combustibles fossiles et cesser immédiatement de les subventionner. Après plus de cinq ans au pouvoir, le gouvernement Trudeau n’est même pas capable de proposer une cible aussi ambitieuse que celle de Joe Biden qui est entré en fonction il y a trois mois. Malgré ses récentes annonces positives sur le climat, le Canada reste sous l’influence de l’industrie pétrolière et gazière qui priorise ses profits au dépens de la santé des communautés et de l’environnement. Les coûts de l’inaction seront plus élevés que ce qu’il en coûterait pour agir rapidement et de manière déterminée.» –  Patrick Bonin, responsable de la campagne Climat-Énergie chez Greenpeace Canada 

«Nous félicitons le gouvernement Trudeau qui est enfin plus ambitieux que Stephen Harper et son gouvernement climatosceptique. Cependant, la nouvelle cible du Canada est encore loin de compenser pour toutes les années où nous nous sommes enrichis en exploitant les sables bitumineux et en polluant l’atmosphère planétaire. Nous devons faire notre juste part de l’effort climatique mondial et soutenir les pays les plus touchés par la crise climatique.» – Alice-Anne Simard, directrice générale de Nature Québec

«Il y a près de cinq ans et demi à Paris, le monde s’est finalement engagé à prendre des mesures audacieuses pour faire face à la crise climatique. Mais même dans ce cas, les dirigeant.e.s savaient que les engagements n’étaient pas suffisants pour répondre à l’urgence du défi auquel nous sommes confrontés. Si nous voulons éviter les impacts les plus catastrophiques du changement climatique, nous devons travailler pour limiter la hausse de la température mondiale à 1,5 degrés Celsius. Cela signifie que nous avons besoin de réductions d’émissions importantes non pas dans 20 ou 30 ans, mais dans cette décennie. Comme pays qui a largement contribué à la crise actuelle, nous avons la responsabilité de faire notre juste part. Aujourd’hui, le premier ministre a certes rehaussé notre contribution nationale déterminée, mais son administration n’est toujours pas à la hauteur de la tâche de lutter contre la crise climatique et répondre aux exigences de la science. Nous n’avons plus de temps à perdre. Les yeux du monde, de tou.te.s les citoyen.ne.s et en particulier ceux des générations les plus jeunes, sont tournés vers notre gouvernement pour qu’ils mettent en œuvre des plans lors des prochaines négociations sur le climat à Glasgow qui répondent enfin à ce moment critique et créent un avenir durable et juste afin que nous puissions enfin inverser le cours de la crise climatique.» – André-Yanne Parent, directrice générale du Projet de la réalité climatique Canada

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