Norme nickel: Une erreur scientifique fondamentale dénoncée par l’Association québécoise des médecins pour l’environnement (AQME)

Montréal, le 23 février 2022 – Dans son mémoire déposé dans le cadre de la consultation publique sur la révision de la norme nickel, l’Association québécoise des médecins pour l’environnement (AQME) dénonce le fait que la nouvelle norme nickel proposée repose sur la composition de nickel de l’air européen et ontarien en invoquant une absence d’étude sur l’air du Québec. Or, une étude faite par le MELCC en 2013, et non répertoriée par les experts mandatés par le ministère, a été portée à l’attention de l’AQME. Cette étude démontre que l’air de la Ville de Québec contient une composition de nickel totalement différente de l’air européen et ontarien. 

« Nous avons découvert une erreur scientifique fondamentale. La norme européenne annuelle de 20 ng/m3 repose sur les effets respiratoires du sulfate de nickel, un composé présent en fortes proportions dans l’air européen, plutôt que sur les effets cancérigènes du sous-sulfure de nickel (Ni3S2), un composé présent à moins de 10% dans l’air européen. Le MELCC propose d’adopter la norme européenne en se basant sur l’hypothèse que la composition de l’air québécois est comparable à celle de l’Europe. Or, une étude menée en 2013 par ce même ministère révèle que le nickel présent dans l’air de la ville de Québec est totalement différent de la composition de l’air européen. Il s’agit essentiellement de pentlandite, un sulfure de nickel et de fer (Ni9Fe9S8) pouvant être associé à une augmentation de cancers pulmonaires dans la littérature scientifique », explique Dre Claudel Pétrin-Desrosiers, présidente de l’AQME. 

« Par principe de précaution, l’AQME recommande d’adopter comme norme annuelle la valeur guide de 3 ng/m3 dans les PM10 de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) basée sur les effets cancérigènes du sous-sulfure de nickel. C’est cette norme que l’Australie de l’Ouest, un autre grand producteur de pentlandite, a adoptée », poursuit Dr Frédéric Tupinier-Martin, résident en santé publique et membre de l’AQME. « La science médicale doit mener ce dossier en se basant sur des données réelles et non pas sur des hypothèses invalides; c’est de la santé de gens dont il est question ici. »

« Maintenant que la vérité scientifique est connue, il sera beaucoup plus facile pour nos élus de prendre les décisions qui s’imposent pour protéger la santé des Québécoises et des Québécois, » conclut Dre Johanne Elsener MV MSC, membre de l’AQME.

Au fil des dernières semaines, l’AQME a mené une revue exhaustive de littérature et a consulté de nombreux documents et rapports, dont une étude de spéciation sur les types de nickel présents dans l’air de la ville de Québec. À la lumière de cette analyse scientifique approfondie, l’AQME s’ancre dans une perspective de science rigoureuse et de justice socio-environnementale, et formule les recommandations suivantes dans le mémoire qu’elle vient de déposer: 

  • Adopter une norme annuelle de 3 ng/m3 dans les PM10, à l’image de l’Australie de l’Ouest ; 
  • Maintenir la norme 24-heures de 14 ng/m3 dans les PM10;  
  • Mener des recherches sur les effets nocifs potentiels de la pentlandite, en ayant recours à des études épidémiologiques chez l’humain et à des modèles animaux adéquats.  
  • Étudier de façon plus approfondie les effets synergiques potentiels du nickel avec d’autres polluants atmosphériques tel que le recommande le nouveau projet de loi fédéral intitulé Loi sur le renforcement de la protection de l’environnement pour un Canada en santé, qui vise à moderniser la Loi canadienne sur la protection de l’environnement (1999) (LCPE);  
  • Adopter les nouvelles valeurs guide 24-heures et annuelles de l’OMS pour les autres contaminants de l’air pour mieux protéger la santé humaine ; 
  • Évaluer les coûts économiques des impacts sanitaires associés à la pollution au nickel ;
  • Favoriser la mise en œuvre de pratiques qui pourraient réduire les émissions de polluants de l’air associées aux activités industrielles.  

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À propos

L’Association québécoise des médecins pour l’environnement (AQME) est un regroupement de médecins québécois interpellés par les enjeux environnementaux et climatiques. L’AQME se positionne sur la scène québécoise comme une référence en matière de santé environnementale dans un objectif de protéger et promouvoir la santé de la population. L’AQME est le comité québécois de l’Association canadienne des médecins pour l’environnement fondée en 1993.

Renseignements :

Pamela Daoust, directrice nationale des communications et coordonnatrice pour le Québec
Association canadienne des médecins pour l’environnement
Cell. : 514-267-2589
Courriel : pamela@cape.ca
https://cape.ca/ 

Johanne Elsener MV MSc C.Q. 
Membre de l’AQME
Tél. : 418-651-0505 Cell. : 418-670-8580
Courriel : jelsener@live.ca

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