Préoccupations sur l’augmentation proposée des normes de nickel dans l’air : l’Association québécoise des médecins pour l’environnement (AQME) émet ses recommandations 

Montréal, le 10 février 2022 – Après une analyse exhaustive du dossier du nickel atmosphérique, l’Association québécoise des médecins pour l’environnement (AQME) se dit préoccupée de la hausse proposée des normes du nickel par le Gouvernement du Québec, en raison des impacts potentiellement néfastes sur la santé humaine. Dans une perspective de science rigoureuse, de justice socio-environnementale et d’équité en santé, l’AQME juge que l’application du principe de précaution est de mise. 

« Il nous apparaît déraisonnable d’adopter la norme européenne annuelle de 20 ng/m3 dans les PM10, qui s’appuie sur une concentration élevée de sulfate de nickel, alors que ce l’on retrouve dans l’air ambiant de Québec est un sulfure de nickel et de fer (Ni9Fe9S8) appelé pentlandite. Par principe de précaution, nous recommandons de se baser sur le pouvoir cancérigène du sous-sulfure de nickel (Ni3S2) et d’adopter comme norme annuelle la valeur guide de 3 ng/m3 dans les PM10 de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), norme que l’Australie de l’Ouest, un autre grand producteur de pentlandite, a adoptée », explique Dre Claudel Pétrin-Desrosiers, présidente de l’AQME. « Le devoir primordial d’un gouvernement est de protéger la santé de toute sa population », précise-t-elle. 

« La population de la Basse-Ville impactée par la pollution au nickel présente parmi les plus hauts niveaux de défavorisation socio-économique et de comorbidités médicales de Québec. Elle vit dans un secteur qui est affecté par un grave enjeu d’îlots de chaleur et d’exposition à d’autres polluants atmosphériques. La pollution de l’air est associée à 300 décès prématurés à Québec et à 4 000 décès prématurés dans l’ensemble du Québec, pour une valeur économique des impacts sanitaires d’environ 30 milliards de dollars par an dans la province. Si le gouvernement du Québec est prêt à réviser une norme à la hausse pour l’industrie, il devrait être prêt à adopter les nouvelles normes revues à la baisse de l’OMS en 2021 pour protéger l’ensemble des québécois et québécoises », poursuit Dr Frédéric Tupinier-Martin, résident en santé publique et membre de l’AQME. 

« La science médicale sur la pollution atmosphérique a beaucoup progressé au cours des dernières années. Les modèles animaux de 1996 sur lesquels se basent la norme européenne sont déficients pour évaluer un effet potentiel du nickel sur l’athérosclérose, la maladie d’Alzheimer ou chez les enfants alors que l’Office of Environmental Health Hazard Assessment a affirmé que le nickel a un impact disproportionné sur les enfants », ajoute Dre Johanne Elsener, membre de l’AQME et auteure principale de la note de breffage. « De plus, l’analyse économique réalisée par Deloitte en 2018, fréquemment citée dans les discussions actuelles, ne tient pas compte de la valeur économique des impacts sanitaires de la pollution au nickel. Or, les coûts sanitaires associés à la pollution au nickel sont absorbés par l’ensemble de la collectivité et devraient être soustraits des revenus gouvernementaux générés par l’industrie du nickel », conclut-elle.

Au fil des dernières semaines, l’AQME a mené une revue exhaustive de littérature et a consulté de nombreux documents et rapports, dont une étude de spéciation sur les types de nickel présents dans l’air de la ville de Québec. À la lumière de cette analyse scientifique approfondie, l’AQME s’ancre dans une perspective de science rigoureuse et justice socio-environnementale, et formule les recommandations suivantes : 

  • Adopter une norme annuelle de 3 ng/m3 dans les PM10, à l’image de l’Australie de l’Ouest ; 
  • Maintenir la norme 24-heures de 14 ng/m3 dans les PM10;  
  • Mener des recherches sur les effets nocifs potentiels de la pentlandite, en ayant recours à des études épidémiologiques chez l’humain et à des modèles animaux adéquats.  
  • Étudier de façon plus approfondie les effets synergiques potentiels du nickel avec d’autres polluants atmosphériques ;  
  • Adopter les nouvelles valeurs guide 24-heures et annuelles de l’OMS pour les autres contaminants de l’air pour mieux protéger la santé humaine ; 
  • Évaluer les coûts économiques des impacts sanitaires associés à la pollution au nickel ;
  • Favoriser la mise en œuvre de pratiques qui pourraient réduire les émissions de polluants de l’air associées aux activités industrielles.  

L’AQME a envoyé un sommaire exécutif de sa position sur la norme nickel aux élus de la Ville de Québec et déposera au gouvernement du Québec un mémoire référencé exhaustif d’ici le 20 février 2022, détaillant les recommandations énoncées ci-haut.

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À propos

L’Association québécoise des médecins pour l’environnement (AQME) est un regroupement de médecins québécois interpellés par les enjeux environnementaux et climatiques. L’AQME se positionne sur la scène québécoise comme une référence en matière de santé environnementale dans un objectif de protéger et promouvoir la santé de la population. L’AQME est le comité québécois de l’Association canadienne des médecins pour l’environnement fondée en 1993.

Renseignements :

Pamela Daoust, directrice nationale des communications et coordonnatrice pour le Québec
Association canadienne des médecins pour l’environnement
Cell. : 514-267-2589
Courriel : pamela@cape.ca
https://cape.ca/ 

Johanne Elsener MV MSc C.Q. 
Membre de l’AQME
Tél. : 418-651-0505 Cell. : 418-670-8580
Courriel : jelsener@live.ca 

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