Dubaï et Ottawa, 5 décembre 2023 – Un juste plafond sur les émissions pétrolières et gazières permettrait d’éviter le décès prématuré de près de 4 800 personnes au Canada sur dix ans, ce qui représente 45,1 milliards de dollars canadiens en retombées économiques, selon une nouvelle analyse de l’Association canadienne des médecins pour l’environnement (ACME).

Publiée lors de la Journée de l’énergie à la COP28, l’analyse révèle qu’en plafonnant les émissions de l’industrie pétrolière et gazière conformément à l’objectif climatique national du Canada, soit 45 % sous le niveau de 2005 d’ici 2030, on préviendrait des milliers de décès prématurés causés par la pollution atmosphérique d’ici 2040. Cette estimation repose sur la réduction prévue de la pollution atmosphérique engendrée par l’industrie pétrolière et gazière, en particulier du dioxyde d’azote (NO2), des particules fines (PM2,5) et de l’ozone annuel et estival, qui sont associés à des décès prématurés.

La diminution du risque de mortalité est évaluée à 45,1 milliards de dollars canadiens selon la méthode utilisée par Santé Canada, mais les véritables avantages pour l’économie et la santé sont probablement beaucoup plus importants. En effet, l’analyse ne tient pas compte des coûts évités en soins de santé relativement aux décès prématurés, et elle ne prend pas en considération les conséquences non mortelles de la pollution atmosphérique (telles que l’asthme et d’autres affections respiratoires, les maladies cardiaques, la démence et d’autres troubles neurologiques, et l’insuffisance du poids à la naissance et d’autres problèmes liés à la reproduction). Elle ne considère pas non plus les répercussions de la contribution des entreprises pétrolières et gazières à la crise climatique, par exemple les décès causés par la chaleur et la fumée des feux de forêt.

« En tant qu’urgentologue, j’ai vu à quel point la pollution de l’air et la crise climatique peuvent nuire à la santé des patients. C’est pourquoi je demande instamment à Ottawa de prioriser le bien-être des personnes au Canada et d’instaurer un juste plafond d’émission pour le secteur pétrolier et gazier. Il n’y a plus de temps à perdre », déclare le Dr Joe Vipond, ancien président de l’ACME.

Malgré la croissance du secteur et les projets d’expansion, le Canada n’a pas encore réalisé d’étude nationale sur les coûts sanitaires réels des effets mortels et non mortels de la pollution atmosphérique émanant de l’industrie pétrolière et gazière, le secteur qui connaît la croissance la plus rapide et qui émet le plus d’émissions dans l’économie canadienne. De plus, le gouvernement fédéral n’a jamais mené d’étude de référence sur l’incidence de la production de sables bitumineux pour la santé des communautés autochtones voisines, et ce, malgré la demande de celles-ci et la promesse d’agir du gouvernement il y a près de 15 ans.

Une étude américaine a conclu que la production de pétrole et de gaz aux États-Unis a entraîné 7 500 décès excédentaires en un an seulement, de même que des coûts de santé annuels de 77 milliards de dollars américains (104,5 milliards de dollars canadiens). La facture comprend des coûts de santé élevés dans des endroits où l’on produit pourtant très peu de pétrole et de gaz. L’ACME et d’autres grandes organisations ont demandé à ce que les effets sanitaires du pétrole et du gaz soient pris en compte dans les politiques environnementales importantes, notamment le plafonnement des émissions pour le secteur pétrolier et gazier.

« Ce n’est que justice que l’industrie pétrolière et gazière – le secteur le plus polluant au Canada – travaille aussi fort que la population et les autres secteurs pour réduire la pollution qu’elle génère. Plus le Canada attendra avant d’instaurer un plafond d’émission juste, plus les risques pour la santé seront graves et plus les pertes économiques seront importantes », ajoute Joe Vipond.

Le gouvernement fédéral devrait faire une annonce concernant un plafond sur les émissions pétrolières et gazières cette semaine à la COP28. Hier, des règles plus strictes concernant le méthane ont été dévoilées; celles-ci pourraient accroître la rentabilité d’un plafond d’émission pour le secteur pétrolier et gazier.

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On peut consulter l’analyse ici (en anglais)

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Reykia Fick, directrice des communications, Association canadienne des médecins pour l’environnement (ACME), 647 762-9168, media@cape.ca